

Je déteste les lapins, les fleurs et les enfants
Le narrateur, enthousiaste mais misanthrope, part en promenade ; l'occasion pour lui d'exprimer toute sa mauvaise humeur. Les enfants font du bruit, les papillons ne sont même pas bons à manger, les vieilles dames en déambulateur se fâchent... Heureusement qu'on trouve parfois par terre des saucisses pleines de gravier ! À ce stade le lecteur, un peu choqué, commence à se douter de quelque chose... Mais c'est seulement dans la dernière double page qu'on découvre l'identité du mystérieux narrateur : un chien un peu grognon mais prêt à tout pour protéger celui qu'il aime, un petit bébé nommé Tristan. Alors, comme chez Ungerer ou d'autres grands chantres de l'enfance, on bascule du grognon irrévérencieux à la tendresse absolue et c'est un vrai bonheur ! La réussite tient aussi beaucoup au dessin de Lisen Adbåge, qui tourne le dos au joli au profit du vrai : les couleurs chatoyantes aux crayons de couleur, les pleines pages à fond perdu, les cadrages audacieux et le sens de la perspective apportent force, vigueur et humour à cet album malin, drôle et touchant.
Marine Planche (publié dans La Revue des livres pour enfants n°324)