Bertha et moi
La couverture de l'album interpelle. On y voit une fillette penchée, ses cheveux orange vif balayant le sol. Sa tête, trop grande, fait face à un petit visage dessiné sur son genou. On apprend vite que la narratrice est tombée et que suite à ce genou abîmé la croûte qui s'y forme va devenir son amie. Elle l'appelle Bertha. On assiste à l'évolution de la relation qui se tisse entre ces deux étonnants protagonistes. D'abord l'inquiétude devant cette chose nouvelle qui marque son corps, puis son acceptation et progressivement l'instauration d'un dialogue et enfin l'attachement qui se noue. Mais un jour, Bertha, comme toutes les croûtes, tombe. « Personne ne devrait partir sans dire au revoir », dit le texte avec gravité. L'histoire d'une petite blessure, comme chaque enfant en vit, se transforme grâce à l'immense talent de Beatrice Alemagna en une épopée gigantesque pour parler du corps et de ses blessures, du temps qui passe, qui répare ou qui sépare. Le texte transcrit à merveille les sentiments de l'enfant et les images, où l'orange fluo tranche sur les décors tristes, jouent une magnifique partition tragicomique.
Le 01/09/2024, par Nathalie Beau (publié dans La Revue des livres pour enfants, n° 337)