Djibril

Comme son nom le laisse deviner, cette nouvelle collection associe deux jolis petits romans, indépendants mais que l'on ressent comme complémentaires. Djibril et Prisca sont dans la même classe mais ne se connaissent pas vraiment. Chacun·e a sa vie, chacun·e se raconte. L'un écrit à son grand-frère. On découvrira au fil des lettres que celui-ci n'est plus. L'autre remplit un journal qu'on lui a offert. Ils ont seize ans, le temps des doutes et des découvertes, de la force des sentiments, de la fragilité aussi face à la violence du monde. Le ton d'Émilie Chazerand est percutant, moins empreint d'humour qu'à son habitude, une certaine gravité l'habite. Et l'appétit de vivre, puissance si mystérieuse, y est bien présent. La langue est belle, faisant jaillir le tempérament sans concession des adolescents. En écho au texte, les illustrations sobres de Betty Bone alternent avec des œuvres d'art, tableaux ou sculptures, fort bien choisies. 

par Julie Le Douarin (publié dans La Revue des livres pour enfants)