Géographie de la peur

laire Castillon est une romancière à part dans l'univers du roman miroir. La lire c'est se risquer. Tout comme elle se risque à écrire. Elle est ancrée du côté des blessés, des pas comme tout le monde, des inadaptés de la vie mais jamais elle ne capitule même si ses personnages peuvent être tentés de le faire. Sous l'humour distancié, un peu moqueur, la vie et l'espoir perlent, discrètement mais sans équivoque. Ici, elle revient trente ans en arrière, sur ces mois où elle a souffert d'agoraphobie à son entrée à l'université. C'est l'histoire de Maureen mais c'est aussi la sienne, cette lutte quotidienne, éreintante, contre l'ennemi intérieur. Elle nous décrit une « autre » réalité, un monde parallèle dans lequel elle est seule à essayer de survivre. On pense aux mots de Carl Sagan : « L'écriture est peut-être la plus grande des inventions humaines, reliant des gens qui ne se sont jamais connus... Un livre est la preuve que les humains sont capables de magie. » C'est exactement ce qui est au cœur de l'œuvre de Claire Castillon, la magie des mots, salvatrice parce que partagée.

Par Emmanuelle Kabala (publié dans la Revue des Livres pour Enfants n°336)