L'ogre d'en bas

Au rez-de-chaussée de l'immeuble, il y a le concierge avec son regard noir et sa très longue barbe. La petite sœur de Sarah a très peur de lui. C'est l'ogre d'en bas qui ne dit jamais bonjour et qui semble cacher tant de choses sous cette barbe immense… Très vite, leur mère arrêtée par les soldats, cette grande barbe servira à cacher les enfants et à les conduire en lieu sûr à la campagne. La barbe démesurée du héros éponyme est la perception enfantine d'un danger apparent et fantastique quand finalement ce personnage bourru ne cache sous sa barbe qu'un grand cœur. Les illustrations, par la représentation des étoiles jaunes et par le fond rouge et noir où s'insèrent les soldats, disent ce que l'histoire racontée par une toute petite enfant ne fait que suggérer sans jamais le prononcer : les soldats sont des nazis et l'on évoque ici la rafle des Juifs. L'album célèbre la figure des Justes, la plus haute distinction civile remise par l'État d'Israël pour ces hommes et ces femmes qui ont sauvé des vies d'enfants et d'adultes juifs pendant la guerre. Ce livre, grâce au point de vue adopté par le texte et à la beauté des images, est remarquable car il soutient l'équilibre entre la perception de l'enfant et la réalité historique. Un livre qui sonne juste.

Le 01/09/2024, par Emilie Bettega (publié dans La Revue des livres pour enfants, n° 337)