Dustborn
Sous la couverture d’un groupe de rock, 4 personnages aux pouvoirs surnaturels s’engagent dans un road-trip à travers une Amérique uchronique gouvernée par une dictature fascisante. Cette quête à l’intrigue riche, frappe par l’originalité de l’univers, ainsi que sa représentation colorée, d’inspiration “comics”. Si on salue la richesse d’écriture des personnages, et l’originalité des embranchements narratifs, on regrette des phases de combat - assez répétitives - et des dialogues inutilement interminables. Reste une proposition originale et généreuse d’une vingtaine d’heures à ne pas manquer. Attention : le propos politique, ouvertement progressiste, ne peut être occulté. Au-delà de la diversité des personnages et de l’écriture inclusive, le gameplay exploite des mots et des procédés rhétoriques – parfois des plus agressifs : les pouvoirs de l’héroïne intitulés “hoax”, “trigger” ou “cancel” sèment la confusion parmi ses ennemis. On peut être sensible à l’ironie satirique ainsi engendrée, ou au contraire la trouver douteuse. Clairement, le jeu ne cherche pas le consensus, il nécessitera une réflexion avant de le proposer, avec une indispensable médiation.
Par Jonathan Paul (publié dans la Revue des livres pour enfants n°339)